C'est le titre d'un article récemment paru sur le quotidien France-Soir. Un thème suffisamment rarement abordé pour qu'on le relaye sur ce blog ! D'autant que c'est le leitmotiv favori de nos livres...
Ci-dessous, l'intégralité de l'article :
Santé : Aller mieux sans médicaments
Les Français sont les plus gros consommateurs européens de médicaments. Pourtant, beaucoup de pathologies peuvent être soignées autrement.
Près de neuf Français sur dix sortent d’une consultation médicale avec une ordonnance SIPAPrès de neuf Français sur dix sortent d’une consultation médicale avec une ordonnance. La prescription compte en moyenne 4 médicaments remboursés, ce qui a coûté 21 milliards d’euros à l’assurance maladie en 2009. Face à ce constat alarmant, la Haute Autorité de santé (HAS) vient de publier un rapport qui vante les mérites des thérapies non médicamenteuses, à la demande de la Sécurité sociale. Objectif : inciter les médecins, et les patients, à sortir du « tout médicament ». Vaste défi ! Pourtant, reprendre une activité physique, modifier son régime alimentaire, consulter un ergothérapeute, un kinésithérapeute ou encore un psychologue peut se révéler aussi efficace que d’avaler des comprimés.
« Dans 70 % des cas, une bonne hygiène de vie peut, déjà, suffire à ne pas tomber malade : alimentation, sport, tabac… Dans le milieu médical, on parle d’éducation thérapeutique », indique le Dr Claude Leicher, président du syndicat des médecins généralistes (MG France). Ces solutions alternatives efficaces peuvent être prescrites comme traitement de fond pour des maladies chroniques, des maladies cardio-vasculaires ou l’insomnie, mais, elles peuvent aussi réduire les souffrances d’une personne atteinte de cancer, d’Alzheimer, Parkinson…
Un enjeu de santé publique
La HAS insiste : réduire le recours aux médicaments représente « un enjeu de santé publique ». Elle ne méconnaît pas les nombreux obstacles, à commencer par l’énorme valeur symbolique du médicament auprès des patients qui les considèrent souvent comme la seule façon de se soigner. « La prescription médicamenteuse légitime en quelque sorte l’état pathologique du patient. Elle confirme son statut de malade et témoigne du bien-fondé de sa plainte », souligne Clémence Thébaut, chef du service « évaluation économique et santé publique » de la HAS. Autre frein puissant : les thérapies non médicamenteuses ne sont remboursées par la Sécurité sociale que dans certains cas particuliers. Et les patients n’ont pas forcément les moyens de mettre la main à la poche. A ces inégalités économiques s’ajoutent des problèmes géographiques : les professionnels formés sont peu nombreux dans certaines régions. Et du côté des médecins, on s’inquiète surtout du manque de temps… Le leur, d’abord : « Les consultations seront nécessairement plus longues car il faudra faire un travail de pédagogie auprès du patient pour le convaincre », souligne Claude Leicher. Et celui du patient, aussi, car c’est plus expéditif d’avaler des cachets pour soulager des maux de dos que d’aller trois fois par semaine à la piscine. Se soigner mieux sans médicament, une révolution !
Cancer
Près de 60 % des patients cancéreux font appel aux thérapies douces. Ils pratiquent l’auriculothérapie (correspondance entre l’oreille externe et les différents organes du corps) à l’Institut Gustave-Roussy à Villejuif, l’hypnose et la sophrologie à l’Institut Curie à Paris, le karaté et le yoga à l’hôpital Avicenne de Bobigny, ou encore l’homéopathie au CHU de Strasbourg… « Ces médecines complémentaires permettent de minimiser les effets secondaires des traitements, d’améliorer le système immunitaire et, plus globalement, d’apporter un bien-être aux patients », affirme le Dr Jean-Loup Mouysset, oncologue à Aix-en-Provence. Autres méthodes qui ont fait leurs preuves : la phytothérapie (traitement par les plantes) et l’acupuncture. Elles permettent de mieux supporter la chimiothérapie.
Cholestérol
Adoptez le régime portfolio, testé en milieu hospitalier par des chercheurs canadiens. Son efficacité est sidérante : il obtient quasiment les mêmes résultats qu’un traitement médicamenteux. Le régime consiste à associer une série d’aliments réputés pour contenir beaucoup de fibres (amandes, chou, céréales, haricot, pamplemousse), capables d’emprisonner les sucres dans l’estomac et donc d’empêcher leur assimilation. Il faut également favoriser les protéines d’origine végétale issues du soja (tofu, steak de soja…) et éviter les protéines animales. « Le régime portfolio réduit le cholestérol au-delà des espérances », assure Anne Dufour, auteur de Ma bible de la santé nature (éd. Leducs).
Diabète
La Haute Autorité de santé demande aux médecins d’inciter les diabétiques à adopter un régime alimentaire adapté et à pratiquer une activité sportive, en complément des traitements médicamenteux. Il s’agit avant tout d’éviter les repas trop copieux le soir, la caféine, l’alcool, le sucre, les matières grasses et la nicotine. Un exercice physique doit également être pratiqué au moins une fois dans la journée : marche à pied, vélo, natation…
Une cure spéciale diabétique vient d’être créée à Saint-Jean-de-Monts (Vendée), une station où les professionnels de santé pratiquent aussi l’acuponcture et l’homéopathie. L’alimentation y tient une place de choix, avec des ateliers nutrition.
Hypertension
Faites le plein d’oméga 3 : ces acides gras agissent sur la tension artérielle et réduisent nettement les risques d’infarctus. « Des médecins ont essayé de comprendre pourquoi les Esquimaux n’avaient jamais d’infarctus. Ils ont découvert que c’était lié à leur consommation massive de poissons gras riches en oméga 3 », indique Anne Dufour (auteur de nombreux livres sur l'alimentation et la santé, cliquez ici). La cure sera efficace si vous en consommez trois fois par semaine. On trouve les précieux acides gras dans le maquereau, le saumon, l’huile de colza et les noix. La Haute Autorité de santé conseille aussi aux personnes hypertendues de limiter leur consommation de sel.
Les études prouvent désormais qu’une pratique régulière de la méditation pouvait aider à combattre l’hypertension artérielle. Plusieurs hôpitaux ont commencé à intégrer cette pratique dans le traitement.
Insomnie
Le recours aux somnifères n’est pas une fatalité. Une cure de Thalasso de six jours peut nettement améliorer les troubles du sommeil, en libérant les toxines de l’organisme. La HAS recommande également de modifier son mode de vie. En cas de difficultés d’endormissement, il faut marquer nettement le moment du réveil (exercice physique, forte lumière) et adopter un horaire régulier de lever et de coucher. En cas de réveil matinal trop précoce, il faut éviter de traîner au lit après le réveil et supprimer les siestes longues (plus d’une heure) ou trop tardives (après 16 heures). Un soutien psychologique peut enfin s’avérer plus utile que les cachets pour les patients souffrant d’insomnie chronique.
Douleurs articulaires
L’ergothérapie peut soulager vos douleurs articulaires en limitant la prise d’anti-inflammatoires et d’antidouleurs. Cette méthode, qui peut venir en complément d’une kinésithérapie, propose des exercices de rééducation et de réadaptation à travers des mises en situation très concrètes de la vie quotidienne. Elle n’est pas remboursée par l’assurance maladie, mais elle doit être obligatoirement prescrite par un médecin. « Notre rôle est d’évaluer les habitudes de vie du patient, son environnement matériel et humain afin de lui apprendre à éviter certains mouvements et à adopter de nouveaux gestes dans sa vie de tous les jours, comme pour faire le ménage ou porter ses courses », explique Adeline Weller, ergothérapeute à Phalsbourg.
Tabac
Au lieu de passer par un traitement médicamenteux, le sevrage tabagique peut prendre la forme d’une thérapie comportementale. Les fumeurs doivent consulter avant, pendant et après l’arrêt de la cigarette, afin d’éviter une rechute. La consultation d’un psychologue s’impose en cas de troubles anxio-dépressifs ou de dépendances multiples (alcool, cannabis…). La HAS encourage aussi à réduire les apports en lipides et l’alcool, tout en augmentant la consommation de fruits et légumes et de produits céréaliers. Les fumeurs en surpoids pourront se rendre chez un nutritionniste afin de limiter les risques d’obésité.
Stress
Quelques hôpitaux français utilisent déjà la méditation et le yoga en soin complémentaire pour prendre en charge l’anxiété et le stress. Les centres hospitaliers de Lyon et de Lille, l’hôpital Saint-Anne à Paris, ainsi que de nombreuses cliniques privées font office de pionniers en la matière. « C’est une pratique simple et accessible au plus grand nombre. Elle est utile pour traiter plusieurs problèmes de santé où les médecins sont parfois démunis, comme l’anxiété », souligne le Dr Dominique Servant, psychiatre au CHU de Lille.
Une étude financée par le Conseil national des exploitants thermaux sur les troubles de l’anxiété a également démontré qu’une cure thermale peut guérir les névroses d’angoisse et arrêter la prise d’antidépresseurs dans certains cas.
Douleurs intestinales
En cas de brûlures d’estomac ou d’acidité gastrique, buvez de l’eau de Vichy-Saint-Yorre, c’est aussi efficace qu’un médicament ! « Cette eau contient beaucoup de bicarbonate de soude, ce qui réduit l’acidité instantanément », explique Anne Dufour, également auteur du livre "Se Soigner avec les aliments". Autre solution si vous êtes sujet à la colopathie fonctionnelle, une affection fréquente qui se manifeste par des symptômes chroniques (ballonnements, diarrhée ou constipation) sans explication médicale : faites régulièrement des cures de probiotiques. Ces « bonnes » bactéries tapissent la muqueuse gastro-intestinale et absorbent les toxines présentes dans le tube digestif. Ils aident également à la digestion. Pour en savoir plus, cliquez ici.
Dépression
Limitez les antidépresseurs ! La méditation permet de limiter les rechutes. « Vingt minutes de pratique journalière pendant quelques semaines réduisent significativement le stress et l’anxiété », constate le Dr Jon Kabat-Zinn, grand pionnier de la méditation à usage médical, dans son livre L’Eveil des sens (éd. Les Arènes). L’ergothérapie produit également des effets. « Nous pouvons traiter les conséquences de la dépression, comme la perte de confiance en soi ou les difficultés relationnelles », estime Yann Person, ergothérapeute à l’hôpital de Rennes. L’ergothérapie s’applique aussi aux personnes atteintes de troubles neurologiques, comme Parkinson, souvent dépressives.
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